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15/06/2017

« L’ÊTRE ÉTERNEL ET INFINI, SELON L’ONTOLOGIE DU RÉGIME ÉCOSSAIS RECTIFIÉ »

Conférence publique de Jean-Marc Vivenza

Antibes, 29 avril 2017

Vidéo éditée sur la chaîne de « La Leçon de Lyon »

Avec l’aimable autorisation de l’association  

« La Porte des Lions »

 

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« Une règle, pouvant être aisément désignée comme un principe, doit devenir la discipline de chacun d’entre-nous, dans son ascension vers les sommets extraordinaires de la vie spirituelle (…). »

 

Lien vidéo :

 

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L’enregistrement que nous proposons – avec l’aimable autorisation des artisans efficaces de cette rencontre –, est celui d’une conférence faisant écho à une imposante étude, contenue dans les Entretiens spirituels et écrits métaphysiques, édités au « Mercure Dauphinois » en mars 2017.

Jamais, la perspective métaphysique portée par la Réforme willermozienne –  confinée, généralement par ignorance, au champ sémantique d’un humanisme maçonnique appauvrissant, teinté d’une vague christologie figurative – n’avait fait l’objet, jusqu’à présent, d’un dévoilement méthodique de sa nature ontologique fondamentale. Et  cette méconnaissance du cœur du projet, de son noyau interne et actif, son rejet parfois, lorsqu’en étaient pressentis les enjeux, ne sont pas étrangers, à l’inévitable enchaînement chronologique, des initiatives ayant immanquablement conduit le Régime Rectifié, à sa captation par des cadres référentiels qui lui étaient à la fois étrangers, et antinomiques.

Encore fallait-il, pour aborder la question sous cet angle essentiel, disposer de la plénitude des qualifications doctrinales et des capacités filiatives, permettant de le faire sans entraves, en fidélité absolue à l’authentique voie de purification, à la perspective, non pas d’une herméneutique inappropriée, mais de cette pure discipline de l’être, intégralement contenue dans les Instructions du Régime et dans ses transmissions inaltérées.  

La propédeutique willermozienne, engage une mise à distance radicale, d’avec les voies dites « apocryphes » - selon la terminologie martinésienne –, c’est-à-dire caïnistes et babéliennes, pleinement dévolues à la glorification des œuvres illusoires forgées par la volonté humaine[1], dont l’homme est à la fois le concepteur et le destinataire désenchanté ; situation qu’une Instruction finale de la Classe symbolique du Régime, figure par la « ruine du temple », désignant la « décadence de l’Ordre, trop souvent avili par des coups qui lui ont été portés par des faux-frères. » La voie dite « non-apocryphe », participe, elle, d’une lumière incréée, dont les rayons, immatériels, éclairent l’homme d’une émission bienfaisante, régulatrice, et il convient de l’affirmer : seule en est détentrice, la doctrine introduite par Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) lors du Convent des Gaules en 1778 ; tous les régimes obédientiels qui en méconnaissent la nature, sont des « voies apocryphes », des industries aveugles, conduisant d’autres aveugles vers un Chaos qui n’est pas un Ordre, mais une descente vers le désordre absolu de l’abîme. La bienfaisance active du Régime, elle, se propose de nous laisser porter à la bonne destination par, selon l'expression maistrienne, la « barque de Pierre » qui, depuis 2000 ans, flotte sur les eaux, guidée par le seul souffle divin.

 

A lire

 

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Jean-Marc Vivenza, Entretiens spirituels et écrits métaphysiques, le Mercure Dauphinois, mars 2017

Partie II : Écrits métaphysiques et spirituels

Ontologie fondamentale

1 – L’Être éternel et infini selon l’ontologie fondamentale du Régime Écossais Rectifié (pp. 117-160)

 

[1] « Plains le triste délire de celui qui ferme ses yeux à la lumière et se promène dans les ténèbres épaisses du hasard : que ton cœur attendri et reconnaissant des bienfaits paternels de ton Dieu, rejette avec mépris ces vains sophismes, qui prouvent la dégradation de l’esprit humain lorsqu’il s’éloigne de sa source. » (Règle maçonnique, Article I, « Devoirs envers Dieu et la Religion. »

 

08/04/2016

« Le maçon rectifié, conscient de l’enseignement dont il est le dépositaire, célèbre le sacerdoce primitif d’Adam, en vrai prêtre, élu de l’Éternel, incorporé au sein de la Milice céleste. »

A propos d’une communication donnée le 18 mars 2016 au Cercle Willermoz de Marseille, sur le thème :

« Martinès de  Pasqually

Jean-Baptiste Willermoz : histoire d’un lien initiatique à l’origine du R.E.R. »

(Jean-Marc Vivenza)

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Une saine et honnête compréhension des bases sur lesquelles la Réforme maçonnique de Lyon (1778) a été édifiée : telle est la précieuse contribution du Cercle Willermoz (CWJB) de Marseille, qui, œuvrant dans ce sens, et dans le cadre d’un cycle d’études & de conférences publiques particulièrement suivies, est à l’origine d’une communication de Jean-Marc Vivenza portant, précisément, sur la nature du lien spirituel entre le fondateur du Régime, et l’héritage de Martinès de Pasqually. 

Quelles en furent les grandes lignes théoriques ?

La Réforme est l’expression  christianisée – au sein des « Élus Coëns » et lors des « leçons de Lyon », qui en sont, de 1774 à 1776, le séminaire préparatoire – de la « doctrine de la réintégration ». Elle trouvera son cadre d’expression maçonnique et chevaleresque, dans la structure des établissements français de la « Stricte Observance » allemande, dont les provinces dites « de Bourgogne » (à Strasbourg, en septembre 1773) et « d’Auvergne » (à Lyon, en juillet 1774), avaient été installées par son visitator specialis, le baron von Weiler.

Du système des « Chevaliers maçons Élus-Coëns de l’Univers », la doctrine demeure, puisqu’elle justifie le principe même de « Réforme » d’une initiation maçonnique jugée « apocryphe », car ignorante de ces sources. Elle se décline selon la pensée des premiers Pères, d’Origène et de la gnose alexandrine, mais à distance des décisions conciliaires plus tardives, en une vision ontologique :

Dans celle-ci, Dieu émane, avant le commencement des temps, dans l’immensité céleste et de sa propre substance, des êtres spirituels. En châtiment de la révolte de certains d’entre-eux, il préside à la création d’un monde matériel, afin que ce confinement empêche le mal de progresser. Adam est ensuite émané par l’Éternel, esprit pur et immatériel, corps de gloire dépourvu d’enveloppe corporelle, afin de travailler à la réconciliation des esprits ténébreux enfermés dans la matière mais, loin de répondre à ces vœux, pactise avec ceux qui l’illusionnent sur ses propres capacités d’engendrement. Le drame métaphysique initial s’en trouve donc considérablement amplifié, et notre père commun – et toute sa postérité – à son tour projeté dans une enveloppe charnelle, impure et ténébreuse, vouée à la dégradation et à la mort. Et c’est dans le court intervalle de cette triste situation, que se situe la possibilité d’une « réconciliation » à laquelle il convient d’œuvrer.

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L’exigeante ascèse des « Élus-Coëns » l’envisage sur un mode théurgique, y convoquant le secours des esprits intermédiaires, car ignorant les perspectives de la théologie sacrificielle du sacerdoce chrétien.

Dans une perspective christianisée, portée par Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), la Réconciliation a été obtenue par la capacité rédemptrice du sacrifice de la Croix, effaçant les conséquences judiciaires du péché – bien que formellement, l’ensemble du composé matériel, et l’enveloppe charnelle en particulier, demeurent soumis à la loi de création, de dégradation, de corruption et de mort.

 

Les « leçons de Lyon », et les Convents fondateurs,  vont s’inscrire dans ce climat, écartant la théurgie pour ne conserver que le corpus théorique de la doctrine, toutefois approfondi et précisé sur les questions de la sainte Trinité et d’une christologie exacte. Elles en constituent le levier, en phase avec l’environnement augustinien de Jean-Baptiste Willermoz[1], conscient et imprégné de la nécessité de la Grâce, dans l’attente de la réception des lumières de l’Esprit.

La Chevalerie céleste[2] témoigne, et enseigne, cette orientation ontologique, engageant l’être, journellement, dans une vie « selon l’esprit. » Dans le renoncement, le « saint abandon », des facultés dégradées et des industries illusoires.

Elle engage, par ses vœux, au « retour à la dialectique initiale, afin de devenir par Grâce, ce que Dieu est par nature. Cet enseignement est au cœur de la perspective spirituelle du Régime Écossais Rectifié, qui est ce jeudi saint de la célébration de la première cène eucharistique, où se dévoile l’essence du sacerdoce nouveau & éternel par le divin Réparateur, et à laquelle nous participons, pour pénétrer, à sa suite, dans l’intimité du rite, afin d’être Un, comme lui et le père sont Un. Deponens aliena, ascendit unus. » (Marseille, le 18 mars 2016)

 

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Une seconde communication, portant sur les aspects fondamentaux de ce « christianisme transcendant » véhiculé par la pensée willermozienne, se tiendra le 30 avril 2016 à Montredon.

Seront présentes à cette manifestation, les éditions La Pierre Philosophale

 

A revoir également, sur ces thématiques :



 

[1] Il conviendra notamment, sur cette question, de se rapporter à l’ouvrage de J.-M. Vivenza, La doctrine de la réintégration des êtres, Editions la Pierre philosophale, 2nde édition (février 2013), Appendice VI, « Jean-Baptiste Willermoz, l’augustinisme et le jansénisme », pp. 220-232 : a) L’augustinisme de Willermoz ; b) Le climat spirituel du Concile de Trente ; C) Le pessimisme augustinien à l’égard du monde et de la chair ; d) Le jansénisme à Lyon ; e) Le catholicisme augustinien de Willermoz.

[2] « Les Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte : un Ordre de Chevalerie selon l’Esprit », i.o. A Crucis Mysterio, in Les Cahiers Verts, n° 6, année 2011.

07/12/2014

« Quel devenir pour le Régime Écossais Rectifié ? »

Conférence publique de Jean-Marc Vivenza

Nice, 4 décembre 2014

Vidéo éditée sur la chaîne de « La Leçon de Lyon »

Avec l’aimable autorisation du « Cercle Philosophique Comté de Nice »

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« Les différentes configurations proposées au Régime Écossais Rectifié (travaillé d’avantage comme un rite vassalisé par les modèles obédientiels andersoniens, qu’il avait pourtant pour objet de réformer), sont-elles en conformité avec les vœux de ses fondateurs du 18ème siècle ? »

 

Lien vidéo : 

 

 

L’interrogation posée par cette communication, nécessitait que soient rappelés, face à un auditoire nombreux et attentif à ces domaines, ses grands critères de validité, afin d’en déterminer, précisément, et en toute objectivité, les constats d’abandon, et les intentions du réveil engagé le 15 décembre 2012.

La Réforme a été portée sur ses fonts baptismaux, par les Leçons de Lyon (1774-1776), qui avaient conduit aux sommets analytiques et épistémologiques de leurs propositions, les perspectives métaphysiques offertes par la Doctrine de « la réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine. » En 1778, se constitue un dispositif  qui transfert ces éléments à l’enveloppe structurelle efficace de la Stricte Observance allemande. Il a pour ambition de réformer profondément une maçonnerie dont la variation des systèmes, signe l’ignorance de sa vocation primitive.

Dès lors, les critères constitutifs du Régime, en tant que système singulier et indépendant, se démarqueront du cadre obédientiel andersonien, les rares délégations consenties, et limitées, n’ayant pour objet que de lui permettre de vivre dans un environnement globalement hostile aux fondements de la rectification. Encore faut-il, ces critères, les avoir admis et comprendre, comme certains esprits éclairés, que si « l'Ordre est d'essence indéfinissable et absolue, l'Obédience est soumise à toutes les fluctuations inhérentes à la faiblesse congénitale de l'esprit humain.» (Marius Lepage, L'Ordre et les Obédiences, Histoire et Doctrine de la Franc-Maçonnerie, 1956, p.8.)

Qu’elle impasse, alors, quel piège imparable, que d’en négliger les avertissements – ce dont, objectivement, témoigne l’état de dégénérescence déplorable dans lequel ont chuté les structures qui se prévalent abusivement, aujourd’hui, de l’héritage willermozien –, jusqu’aux formes les plus incongrues, d’Obédiences ayant autorité sur des "Grands Prieurés" (sic) rectifiés…

 

La communication de J.- M. Vivenza a été suivie d’une série de questions exigeantes, exprimant des préoccupations fondamentales dont on relèvera qu’elles n’avaient pas fait l’objet, ces dernières décennies, et en-dehors peut-être de quelques cercles réservés, d’attentions particulières, ni de réponses efficaces. Leur amplitude nécessitera sans doute que nous y revenions ; retenons, toutefois, certaines d’entre-elles et quelques éléments de réponses, concernant :

- L’actualité du dépôt du réveil de 1935, dont les Principes de la Refondation de l’Ordre édictés en décembre 2012, expriment le « souci conservatoire » de sa « vérité essentielle » (point 10), en même temps qu’une « situation d’attente, dans l’espoir qu’un jour, les diverses composantes de la famille rectifiée reviennent à la conception originelle de "l’Ordre", et réalisent leur unité sur le principe unique et fondateur de "rectification" tel que défini et établi par la Réforme de Lyon. » (point 9) ;

- L’absence de cohésion dans la pratique des rituels rectifiés, tributaires de la diversité des climats obédientiels et de la domination des critères administratifs, donc profanes, ayant autorité sur « les critères initiatiques, mystiques, métaphysiques et doctrinaux du Rectifié » (sic) - ce qui, sans doute, signale la désorientation la plus saisissante de l’état actuel du Régime, au mépris des Codes fondateurs ;

- Sur le plan doctrinal, la question de la "double nature" : manifestée au cœur de l’enseignement du Régime et de son « réalisme extraordinaire » (sic) sur les réalités de l’être, et sur laquelle renseigne le Traité de Willermoz qui lui est consacrée, elle pose la question de notre nature essentielle, de notre origine divine reçue par émanation angélique, non-matérielle, dégradée par la faute, et recouverte d’une enveloppe de matière ténébreuse ;

- Le climat augustinien, enfin, dans le contexte d’un environnement lyonnais marqué par les Solitaires de Port-Royal, dans lequel évoluèrent Jean-Baptiste Willermoz et les fondateurs du Régime, et des réflexions sur la question de la nature dégradée de l’homme, et des triples facultés de l’âme, perçues comme reflet des trois essences actives de Dieu, selon les conceptions du De Trinitate de l'évêque d'Hippone.

On comprend alors, à la qualité de ces questionnements, l’actualité évidente de l’intention portée par ceux qui, en 1935, manifestèrent la volonté de revenir aux fondements du Régime et l’urgence d’une sauvegarde de son dépôt inaltéré.

Un examen honnête de l'état actuel du Rectifié est nécessaire :

« Dans certaines situations, on ne peut plus parler d’un Ordre et sans cela, le critère de qualification propre a disparu, a été vidé de son caractère opératif et initiatique, au profit d’une comédie superficielle. » 

« Le grain mis en terre y reçoit la vie ; mais si son germe est altéré, la terre même en accélère la putréfaction. » 

 

23/05/2014

« Aurons-nous été à la hauteur de la dimension magnifique proposée par le Régime écossais rectifié ? »

« Il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la sainte doctrine ; mais au gré de leurs propres désirs, avec la démangeaison d’écouter, ils se donneront maîtres sur maîtres ; ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables. »

(Seconde épître de Paul à Timothée, IV, 3-4)

 

Conférence publique de Jean-Marc Vivenza

Valence, 14 mai 2014

« Le Réveil du Régime Écossais Rectifié dans la Franc-maçonnerie moderne. »

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Lien vidéo :


  

« (…) je n'ai plus ni le temps, ni la volonté d'écrire à des morts qui après [des] conseils à eux donnés pour leur faire réacquérir la vie, ne présentent plus qu'un cadavre maçonnique ambulant, enluminé seulement par le titre qu'ils ont usurpé, ayant oublié qu'ils ne l'avaient acquis que sur la foi des engagements les plus sacrés et les plus étendus, qu'ils n'ont cessé d'enfreindre à tout instant. » (J.-B. Willermoz, Lettre à Achard, 11 VIII 1805).

 

 

« Le but de l’Ordre fondé par Jean-Baptiste au XVIIIe siècle, est le dépôt des lois et mystères de la Religion primitive, d’un héritage qui traverse les siècles et qui remonte à la nuit des temps. Son but est de conserver et faire rayonner des connaissances précieuses, spécifiques et secrètes, qu’on ne rencontre nulle part ailleurs, pour les Hommes et Dames de Désir de tous les temps, toutes origines et de toutes nations, en quête d’un authentique cheminement vers la "Lumière", puisque la lumière fut le premier vêtement de l’âme. Il est légitimement habilité à proposer une voie réellement spirituelle et un vrai cheminement initiatique, unique au monde et dans l’histoire de l’humanité. 

Cet Ordre est chrétien et détenteur d’une sainte Doctrine (ou d’un enseignement initiatique non dogmatique), une doctrine oubliée, mise à l’écart par les Eglises conciliaires depuis le VIe siècle. Le projet de la Réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine est le GERME de l’ORDRE ! 

C’est le plus beau projet existentiel et spirituel qui soit : retour dans l’Amour de Dieu et la réconciliation de tous les règnes de la Création, la fin de la rupture adamique (dont la cause n’est pas la tentation charnelle, mais une désobéissance d’ordre métaphysique, qui a été précédée d’une autre « chute », plus originelle : la prévarication des anges rebelles), le festin céleste des Noces éternelles dans le Royaume divin. 

Nous n’avons donc plus le temps de répondre « aux cadavres ambulants » usurpant des titres maçonniques. Quant aux ignorants : réfléchissez maintenant que vous savez et que vous avez entendu.... et à nous autres, ne l'oublions-pas : Nous serons jugés sur nos devoirs ! : 

« Qu’aurons-nous fait de nos talents ? » nous sera t-il demandé.... (Matthieu XXV, 14-30) [1] 

Aurons-nous été à la hauteur de la dimension magnifique proposée par le Régime écossais rectifié, à savoir retrouver notre origine divine en œuvrant pour le bien - dans un esprit d'Amour, de Bienfaisance et de Charité - de toute la famille humaine ? » 

(J.- M. Vivenza, 14 mai 2014)

 

 

[1] « Il en sera comme d'un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un creux dans la terre, et cacha l'argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. Celui qui avait reçu les cinq talents s'approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit : Seigneur, tu m'as remis cinq talents; voici, j'en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit : C'est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu les deux talents s'approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m'as remis deux talents; voici, j'en ai gagné deux autres. Son maître lui dit : C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui n'avait reçu qu'un talent s'approcha ensuite, et il dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n'as pas semé, et qui amasses où tu n'as pas vanné ; j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que j'amasse où je n'ai pas vanné ; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu XXV, 14-30)

24/01/2013

L’anthropologie du Rite Écossais Rectifié : « la science de l’homme par excellence… »


18/01/2013

Aux sources illuministes du Rite Ecossais Rectifié : les « leçons de Lyon » (1774-1776)


15/12/2012

Un janséniste lyonnais au XVIIIe siècle : Jean-Baptiste Willermoz

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Antoine de Malvin de Montazet (1713-1788), archevêque de Lyon

 

Confessant, sans se rendre compte de ce que son affirmation peut avoir comme caractère de prétention exagérée en participant d’une ambition démesurée, qu’il cherche, depuis son apparition dans l’espace internet, « à interpréter, voire redresser la doctrine de Martinès de Pasqually » (merci pour elle !), celui qui n’y va pas par quatre chemins pour la tordre en tous sens, vient de publier des extraits d’une lettre de Jean-Baptiste Willermoz à Bernard-Frédéric de Turckheim, datée d’octobre 1785 [1].

L’initiative est louable, même si elle ressemble fort à une certaine dérobade après la sévère correction théorique qu’il vient de recevoir à propos de son interprétation de la doctrine de la création selon le Traité de la réintégration. On sent l’envie de passer à autre chose. Soit.

 

1) Willermoz  papiste

 

Willermoz insiste donc dans cette lettre au baron de Turckheim que l’on nous présente, sur un des buts de l’Ordre rectifié : ramener les chrétiens à l’unité perdue.

On ne relèvera pas l’erreur au sujet de la première citation, d’un texte attribué à Willermoz qui doit bien plutôt être une déclaration du Christ : « je suis un ; j’ai établi un seul culte sur la terre, et c’est celui-là seul qui m’est parfaitement agréable ; voilà pourquoi je veux ramenertous les chrétiens à cette unité essentielle de culte qu’ils ont défiguré et morcelé au grés de leurs passions. » Il est clair que ces paroles ne peuvent être celles du patriarche lyonnais.

Curieuse méprise.

Mais dans cette correspondance, ce qui est intéressant, c’est que Willermoz met en lumière la supériorité de Rome sur l’ensemble de la chrétienté en raison du choix du Christ d’instituer saint Pierre comme le chef des apôtres et de l’Eglise, et il le fait auprès d’un réformé avec une certaine insistance en des termes forts que n’aurait pas désavoué le très papiste Joseph de Maistre (+1821), parlant nettement d’une « primauté » de l’évêque de Rome « fondée sur l’Evangile », et ceci même si la papauté venait à présenter une image trouble, car « l’unité temporelle » de la chrétienté repose pour Willermoz uniquement sur le pape : « …la primauté d’un évêque sur tous les autres et sur tous les chrétiens ; […] est formellement établie dans l’évangile. Tous les apôtres furent égaux en caractère sacerdotal et en mission évangélique ; cependant ce fut à un seul que J.C. dit : « Vous êtes Pierre et sur cette pierre je fonderai mon église. » Ailleurs il dit au même et non aux autres « Paissez mes agneaux, paissez mes brebis ». Si ce n’est pas là un caractère de primauté essentielle, il n’y en aura jamais nulle part ailleurs.» [2]

 

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2) Willermoz place le concile au-dessus du pape

 

Cependant, après ce rappel d’adhésion au papisme romain, la suite nous montre un Willermoz en réalité profondément janséniste, puisqu’il place le concile au-dessus du pape, ce qui fut le cœur de l’argumentaire constant des augustiniens au XVIIIe siècle : « En soutenant l’opinion de la nécessité d’un chef visible des chrétiens, je ne confonds point le chef avec le centre commun de la chrétienté, dont j’ai parlé aussi, qui doit être seul juge compétent en matière de foi. Or ce juge c’est l’église chrétienne assemblée en concile, formé par ses représentants essentiels. C’est celui-là seul qui peut légitimement interpréter le dogme et fixer la règle de foi des chrétiens. Si les conciles ne peuvent pas s’établir, dites-moi donc, je vous prie, quelle est la puissance sur la terre qui pourra maintenir l’unité de croyance dans la religion chrétienne, à moins que vous n’admettiez une inspiration immédiate du Saint Esprit pour chaque église en particulier. Vous nous reprochez, comme une erreur ou une faiblesse qui excite votre surprise, d’adhérer aux décisions de ces conciles. Ainsi comme malgré le désordre abominable de Sodome, dix justes eussent suffi pour sauver cette ville, nous pouvons à plus forte raison penser que dans ces conciles nombreux il s’agissait de conserver ou d’étendre la foi aux dogmes nécessaires, il y a eu dix hommes justes pieux et bien intentionnés, et que le Saint Esprit était au milieu d’eux. »

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Johann Lucas Kracker, Le Concile de Trente, 1778.

 

3) Willermoz formule des thèses jansénistes

 

Là, et ce texte est rédigé en 1785, on est en plein climat janséniste à Lyon, comme le démontre remarquablement Jean-Marc Vivenza dans son récent ouvrage [3] – première fois à notre connaissance qu’est étudiée, dans le cadre d’un texte du milieu ésotérique, la situation du diocèse de Lyon du temps de Willermoz - le cardinal Malvin de Montazet, qui dirigeait l’ensemble du lyonnais, esprit profondément acquis aux thèses de Port-Royal, ayant encouragé les « prêtres appelants », c’est-à-dire ceux appelant les fidèles à contester la bulle Unigenitus du Pape Clément XI de 1713. L’évêque de Lyon suivait en cela les évêques qui publièrent un « Appel » visant à la réunion d’un concile général, se regroupant sous le nom d'« Appelants », en se fondant dans cette démarche sur la « Déclaration des quatre articles de 1682 », votée par l'assemblée du clergé de France qui stipulait que le concile était supérieur au pape en matière de dogme.

La Déclaration des Quatre articles, rédigée par Bossuet, fut adoptée en 1682 par l'assemblée extraordinaire du Clergé du royaume de France, et affirmait en ses articles 3 et 4 :

- Le concile œcuménique, réunion de tous les évêques de la chrétienté, prend des décisions qui ont une valeur supérieure à celles du pape dont son autorité est donc limitée par celle des conciles généraux ;

- En matière de dogme, le pape n'est infaillible qu'avec le consentement de l'Église universelle.

Et cette affirmation de foi janséniste va si loin chez Willermoz, qu’après avoir décrit la valeur des formes de la piété (la Vierge Marie, les saints, les anges), l’importance des sacrements (confessions et extrême onction), et la grandeur du culte romain (messe), il insiste de nouveau, en accueillant favorablement la réaction de quelques frères réformés qui lui auraient déclaré : « …plusieurs églises protestantes se réuniraient, ainsi que nous, à la croyance de la communion romaine si cela pouvait se faire sans s’unir à la cour de Rome, pour laquelle on conserve un juste et invincible ressentiment qui rend toute union impraticable tant qu’elle ne se réforme pas dans ses ambitieuses prétentions et qu’elle ne fera pas des sacrifices qu’elle ne veut pas faire. »

 

4) Willermoz ne parle à aucun moment des fondements de la doctrine dans cette lettre

 

Pourtant, contrairement à ce qu’on voudrait faire sortir de ce texte en forçant son sens et en exagérant sa portée par l’effet d’une vue particulière aisément décelable et au travers d’un prisme participant d’une conception partisane de l'oeuvre de Willermoz, dans cette lettre à Bernard de Turckheim le lyonnais en reste à des explications très évasives et superficielles au sujet de la doctrine de la Grande Profession, qui n’est pas vraiment abordée face à un interlocuteur qui manifeste des inquiétudes à son égard, et le fondateur du Régime cherche visiblement surtout à rassurer son correspondant, sans prendre le risque de s’engager dans des sujets qu’il sait être très délicats sur le plan dogmatique.

Ainsi à aucun moment, comme il apparaît, et contrairement au commentaire participant d’une opinion personnelle infondée auquel s’autorise celui qui prend l’initiative de la publication de cette lettre, et sans doute porté par l'enthousiasme d'une révélation personnelle l'entraînant à soutenir une vision restrictive et particulière de la doctrine willermozienne enfermant l'esprit des frères dans un mode de pensée unique et dogmatique bien éloigné par nature de l'approche initiatique, le patriarche lyonnais ne « met en lumière les principes et fondements spirituels « essentiels » de la Doctrine de l’Initiation de la Grande Profession de l’Ordre Rectifié » (sic), ainsi que le prouvent les termes littéraires et quasi ornementaux de sa lettre (« l’enchaînement ravissant » ; « prodigieux moyen » ; « chaleur de sentiment », etc.), qui n’abordent à aucun moment la doctrine proprement dite.

Les explications de Willermoz à Turckheim sur ce qu’il nomme la « doctrine de l’initiation », c’est-à-dire le doctrine de la Profession, traduisent bien plutôt le caractère allusif et presque fuyant de son discours, soutenant la thèse d’une origine inconnue des Instructions : « Vous aviez été frappé , comme je l’ai déjà dit, du caractère de vérité de la doctrine de l’initiation, de l’immense étendue et multiplicité des objets qu’elle embrasse, de l’enchaînement ravissant de toutes ses parties qui fournit une preuve de plus de la vérité et du prodigieux moyen qui a été employé pour nous en gratifier et pour éclairer par elle peut-être le monde entier ; vous éprouvâtes alors cette chaleur de sentiment qui la caractérise, ce que nous avions tous ressenti et nous remarquâmes avec autant d’étonnement que de satisfaction que vous étiez doué d’une intelligence rare qui vous faisait percer les points les plus obscurs et les plus difficiles de cette doctrine. »

De l’emphase, du style certes, mais pas la moindre once de doctrine dans ces lignes.

 

5) Willermoz un augustinien convaincu

 

En revanche, il est tout à fait net dans cette lettre, que Willermoz, fait siennes les thèses des augustiniens en matière de conception ecclésiale et de leur conviction que le concile est supérieur au pape : « je ne confonds point le chef avec le centre commun de la chrétienté…qui doit être seul juge compétent en matière de foi… l’église chrétienne assemblée en concile… », ce qui renforce plus encore l’analyse suivante de Jean-Marc Vivenza à propos du climat religieux dominant à Lyon, qui eut un influence directe et bien réelle sur le rectifié :

« Tel est le catholicisme, empreint de pénitence, de mortification, de bienfaisance et de prière, dans lequel baigna Willermoz, et dont sa pensée porte trace et est profondément imprégnée, catholicisme augustinien qui n’est pas du « manichéisme», soit un dualisme gnostique commun à la gnose des premiers siècles comme aux différentes expressions du néognosticisme contemporain, croyance métaphysique en l’existence de deux principes antagonistes qui s’opposent de toute éternité -, mais un christianisme très méfiant vis-à-vis du monde et de ses lois, peu enclin à considérer les créatures comme non soumises à l’emprise des mensonges du démon.

C’est donc dans ce climat participant d’un jansénisme quasi « officiel » défendu par Mgr Malvin de Montazet, et dans nul autre, que Willermoz, fervent catholique, vécut sa foi chrétienne et exerça sa piété religieuse. On ne s’étonnera donc pas d’en trouver trace dans la pensée du lyonnais, et de constater d’évidentes références aux thèses augustiniennes dans les écrits du fondateur du Régime Ecossais Rectifié, écrits qui font état d’une nette distance critique d’avec les réalités de ce monde et invitent à se libérer des vapeurs grossières de la matière pour parvenir, par la purification du cœur, aux « régions célestes » où demeure le saint Temple de l’Eternel : « Principe Suprême de tout ce qui existe, ton saint Temple n’est point dans cette région inférieure et matérielle et souillée ; ton trône est supérieur même aux régions célestes, et tu en as imprimé le sentiment intime dans le cœur de l’homme. » (15 avril 1788 – Willermoz, Mes pensées et celles des autres). » [4]

 

Conclusion

 

En effet, « on ne s’étonnera pas de trouver trace [d’un jansénisme quasi « officiel »] dans la pensée du lyonnais, et de constater d’évidentes références aux thèses augustiniennes dans les écrits du fondateur du Régime Ecossais Rectifié », et cette lettre destinée à Bernard de Turckheim de 1785, s’il en était besoin, par les positions anti-infaillibilistes gallicanes jansénistes très nettes à l’égard du pape qu’elle fait apparaître, le démontre de façon tout à fait incontestable.

Remercions donc celui qui nous donne, malgré l'aspect limité de ses commentaires et la rigidité dogmatique de son approche, de pouvoir en avoir la confirmation.

 

Hadrien D.

 

Notes.

 

[1] Fonds Maçonnique, BNU de Strasbourg, Ms 139, f°s 61-76.

[2] «Nous sommes donc fondés, tant sur une raison éclairée que sur l’Evangile, à penser que l’église chrétienne doit avoir un chef visible, et si les réformateurs ont cru pouvoir nier la primauté essentielle de l’évêque de Rome, qu’ils nous montrent donc ailleurs un plus légitime successeur de Pierre et nous le reconnaîtrons. Ne fut-il qu’un simulacre défiguré de ce qu’il doit être, nous l’adopterions - parce que ce simulacre serait toujours nécessaire pour le maintien de l’unité temporelle – en attendant que l’image devienne plus vraie et plus pure et qu’on nous la montre où elle sera. »

[3] La doctrine de la réintégration des êtres, « Appendice IV. Jean-Baptiste Willermoz, l’augustinisme et le jansénisme », La Pierre Philosophale, 2012.

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[4] La doctrine de la réintégration des êtres, op.cit., pp. 215-216.