Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/12/2025

A propos des filiations fantaisistes au sein de la franc-maçonnerie rectifiée : de la « Grande Profession » de Robert Ambelain, à celle du Grand Prieuré des Gaules

La "note n°364" de L’Histoire du Régime Écossais Rectifié, des origines à nos jours : lumières et vérités inédites, sur la situation réelle et l’état contemporaine de l’Ordre - Ouvrage comportant des pièces d’archives jamais publiées, dont la copie du Registre du Collège Métropolitain avec la liste des Grands Profès de 1778 à 1880            (Jean-Marc Vivenza)

 

Serge Marcoutoune.jpg

Serge Marcotoune (Сергей Моркотун, 1890-1971)

 

« Quant à la nécessaire mise en ordre du paysage, relativement aux multiples filiations alléguées, quelques principes simples pourraient y présider : un lien d’origine documenté avec le Collège de Genève, dernier Collège régulier du XIXe siècle – et l’emploi exclusif des rituels originaux, à l’exclusion de toute autre fantaisie moderne. Et si l’esprit évangélique se mettait de nouveau à souffler, des concours mutuels pourraient apporter ce qui leur manque à ceux qui se trouvent, ici ou là, en défaut. »

(Roger Dachez, « La Grande Profession dans l’Histoire du Régime Écossais Rectifié : sources, problèmes et perspectives », Renaissance Traditionnelle, n°181-182, janvier-avril 2016, p.209)

 

Pour accéder à la page de la revue

Renaissance Traditionnelle :

renaissance_traditionnelle_210-2025.jpg

*

« Le temps est sans doute venu de faire enfin la lumière sur ce sujet »

 

L’année 2025 marquant le 90ème anniversaire du « réveil » du Régime Rectifié en France, par la constitution du « Grand Directoire des Gaules » lors de l’assemblée de la Préfecture de Genève tenue à Neuilly-sur-Seine le 23 mars 1935, il nous a semblé nécessaire de reproduire ici la note citée en référence, d'un ouvrage publié en 2017, contenant une série d’informations passées jusqu’alors sous silence, afin de ne pas limiter au seul cadre des productions éditoriales, ces éléments indispensables à une bonne compréhension de l’histoire contemporaine du Régime Écossais Rectifié en France.

 

- EXTRAITS -

 

4 novembre 1997 : le Grand Prieuré des Gaules divulgue à l’ensemble de ses membres, l’existence d’un « Collège Métropolitain de Profès » en son sein [1]

 

« Tant par discrétion que par respect vis-à-vis de Frères estimés, et eu égard à certaines charges et fonctions que nous avons occupées à l’intérieur du G.P.D.G., nous préférons ne pas trop nous étendre, et conserver un relatif silence, sur certaines décisions qui allèrent jusqu’à « forger » de toute pièce, une prétendue « Grande Profession », soi-disant de « transmission russe », propre au Grand Prieuré des Gaules, alors que le Collège de Genève avait fait savoir quelques années auparavant, sur demande appuyée et insistante de Jean Granger, qu’il refusait de recevoir parmi ses membres Daniel Fontaine.

Mais puisque la « chose » fut rendue publique par ses instigateurs, au prétexte que quelques Frères s’étaient fait recevoir dans des pseudos Collèges de Profès martinistes, par une « Note d’information » signée du Grand Maître National et Grand Prieur, en date du 4 novembre 1997, et diffusée en faisant fi de tous les usages relatifs à la classe secrète, le temps est sans doute venu de faire enfin la lumière sur ce sujet.

Ainsi, en 1997, en date du 4 novembre, était adressée indistinctement à l’ensemble des membres du G.P.D.G. - c’est-à-dire à l’époque, les Maîtres écossais de Saint-André, Écuyers Novice et C.B.C.S., appartenant à la G.L.N.F. -, une « Note d’information » dans laquelle on pouvait lire ce qui suit : « J'ai informé le Grand Chapitre du 5 Avril 1997 de l’existence d’un Collège Métropolitain de Profès. Cette révélation, contraire aux règlements des Collèges Métropolitains, a été faite pour les raisons suivantes : Les Grands Profès font partie d’un collège métropolitain, lui-même attaché à un Grand Prieuré Rectifié. Des Collèges sans attachement relèvent de la plus haute fantaisie. De nombreuses organisations irrégulières  fabriquent des Profès, sans transmission : entre autres, l’O.M.I. (Ordre Martiniste Initiatique). Cet « Ordre » fabrique également des Ecuyers, des C.B.C.S. et bien d’autres choses encore, puisqu’il a 3 niveaux de Profession dont une avec ordination sacerdotale, et même épiscopale ! Il est évident que nous ne pouvons tolérer que nos frères s’égarent dans cette organisation, qui recrute parmi les Maîtres maçons dans toutes les Obédiences, irrégulières ou non. Les membres du Grand Prieuré des Gaules pouvaient s’interroger et penser qu’ils étaient les seuls à ne pas avoir de Collège de Profès. D’où l’intérêt que certains ont pu porter vers ces organisations, même si elles sont totalement irrégulières et anti- traditionnelles […] J’ai donc voulu lever toute équivoque et souhaiter que les membres de l’Ordre sachent que le Régime écossais rectifié en France est complet et possède un Collège Métropolitain de Grands Profès, régulier et reconnu. Bien que m’étant dévoilé, j’ai par ailleurs précisé que, conformément aux statuts des Profès et du Grand Prieuré des Gaules, leur qualité de membres de ce Collège resterait inconnue. » (Cf. « Note d’information, afin que nul n’en ignore », Paris, le 4 novembre 1997).

Histoire du Régime Ecossais Rectifié.jpg

Cf. Jean-Marc Vivenza, Histoire du Régime Écossais Rectifié, des origines à nos jours, annexe XVII (2017)

 

Les lignées « martinistes » de Robert Ambelain ne transmettent que du vent, sur le plan de la classe secrète

 

Le paradoxe de cette invraisemblable déclaration pour le moins surréaliste, c’est qu’elle avait pour but de sanctionner ceux d’entre les membres du G.P.D.G., qui étaient allés chercher, faute de pouvoir les recevoir au sein de leur juridiction et pour cause, puisqu’il n’y en avait point d’existantes, des transmissions de Profès du côté des structures issues des lignées martinistes provenant de Robert Ambelain (1907-1997) - qui ne transmettent certes que du vent sur le plan de la classe secrète, puisque Ambelain, disait détenir ses titres de Georges Bogé de Lagrèze (1882-1946), armé C.B.C.S. par le G.P.I.H. en 1937, sous le nom d’Eques a Rosae Caritatis, mais sans aucun lien cependant, avec son prétendu état de « Grand Profès », dont on sait qu’il n’est point renseigné sur le Registre de Genève, Grande Profession imaginaire donc que Robert Ambelain répandit et fit prospérer dans les milieux initiatiques, écrivant, reproduisant, et enrichissant un rituel baroque qui transforme la réception de Profès et Grand Profès en une sorte « d’ordination » qui n’a strictement aucun rapport avec l’admission au sein de la classe secrète basée sur un cérémonial participant d’un extrême dépouillement consistant surtout en la lecture des Instructions secrètes, comme cela fut établi et codifié par Jean-Baptiste Willermoz (Cf. B.M. Lyon, Ms. 5.475 Ms. 5,916) -, alors que dans le même temps, le Grand Prieuré des Gaules fabriquait à l’identique « ex nihilo » une « pseudo Grande Profession » et un Collège à partir d’une prétendue « lignée russe », en provenance de Serge Constantinovitch Marcotoune (+ 1971) - qui n’avait évidemment jamais été lui non plus, ni de près ni de loin, maçon rectifié, et encore moins C.B.C.S., ni donc Grand Profès dépositaire d’une quelconque « transmission provenue de Joseph de Maistre » (sic) -, mais qui fut du nombre des membres fondateurs de la Société occultiste internationale (SOI), dirigée par Jean Bricaud (1881-1934),  entendant succéder au Groupe indépendant d'études ésotériques fondé par Papus (1865-1916) en 1889.

 

ornement.jpg

 

bild211.jpg

Une « Grande Profession » provenant d’un martiniste n’ayant jamais été maçon rectifié !

 

Serge Marcotoune, puisqu’il est question de lui, martiniste s’il en est, et dont le G.P.D.G. prétendit détenir sa « Grande Profession », eut un parcours relativement mouvementé, dans la mesure où il fut contraint par la Révolution à l’exil, s’établissant à Paris, (rue Chalgrin, puis rue de la Trémoille), où il constitua, de par une patente de Jean Bricaud du 22 décembre 1920, la Loge Saint-André Apôtre n°2 (reprenant, en référence, le titre de la loge de Kiev fondée en mai 1910 par Pierre Kasnatcheev, titulaire d’une Charte (n°263), nommé en 1911 au Suprême Conseil de l’Ordre et délégué général de l’Ordre Martiniste à Moscou en 1913, mais avec une nouvelle matricule), Loge qui allait certes regrouper de nombreux Russes et Ukrainiens en exil, mais également des français, puis fuyant la France après-guerre pour d’obscures raisons que nous avons évoquées dans notre Préface à la réédition des « Temples de la Franc-maçonnerie » de Camille Savoire (op.cit., pp. 58-61). Il est par ailleurs l’auteur de deux livres de teneur hautement « occultiste » que n’aurait pas renier Ambelain, ce qui apparaît aisément à la lecture : « La science secrète des initiés et la pratique de la vie » (traduit du russe par Eugène et Marc Semenoff, Paris, A. Delpeuch, 1928 ; 2e éd., Paris, Honoré Champion, 1955 ; 3e éd. Simorgh, 2009), et « La Voie initiatique. La pratique de la vie initiatique » (Paris, Honoré Champion, 1956).

ornement.jpg

 

Faute d’avoir pu recevoir quoi que ce soit de Genève, le Grand Prieuré des Gaules se livre à une « forgerie » pure et simple, en inventant une « Grande Profession » russe

 

En conséquence, s’il est vrai qu’en 1969, Serge Marcotoune, en raison de liens familiaux, donna effectivement l’autorisation à Daniel Fontaine de constituer un groupe Martiniste à Paris qui se plaça dans la continuité initiatique de Saint André Apôtre n° 2 et de Saint Jean l’Apôtre de Moscou (patente de juillet 1969), groupe qui a conservé les diplômes et patentes du Philosophe Inconnu Serge Marcotoune, provenant de l’Ordre Martiniste fondé par Papus, il ne s’y trouve cependant nulle trace - pour avoir pu consulter directement ces vénérables documents -, d’une imaginaire « Grande Profession russe » venant de Joseph de Maistre, au nom de laquelle le G.P.D.G., néanmoins crut bon, faute d’avoir pu recevoir quoi que ce soit de Genève, de se livrer à une « forgerie » pure et simple. Cet acte absolument invraisemblable et disqualifiant au regard des critères rectifiés, montre, s’il en était encore besoin, à quel degré de distance considérable d’avec les principes willermoziens de la Réforme de Lyon a abouti cette folle orientation – menée et conduite au nom d’un christianisme dogmatique et ecclésial, de façon  ostensible et militante -, ce qui aura conduit l’instance même du réveil du Régime à fabriquer une « pseudo classe secrète », abusant ainsi la confiance des Frères tout en piétinant la vérité de l’Ordre. Mais ce genre d’acte en dit beaucoup, symboliquement, plus que de longs discours, sur la réalité d’une déviance que l’on ne peut, avec la distance et le recul des années, que déplorer. »

 

Page auteur :

RER.jpg

A lire :

« Les étranges "terres de mission" de l’occultisme : à propos de la « Note 404 » de L’Histoire du Régime Écossais Rectifié, des origines à nos jours » :

4155014664.2.jpg

 

[1] Les passages surlignés, et les titres des paragraphes, sont établis par nos soins.

 

Les commentaires sont fermés.